C’est un coup de tonnerre qui a retenti dans le canton de Fribourg : Groupe E Greenwatt a annoncé qu’il se retire de ses projets éoliens fribourgeois et remet leur planification aux mains des communes. Vu la motivation desdites communes à accueillir des centrales éoliennes, la décision de Groupe E marque bien la fin de ses ambitions éoliennes dans ce canton. La nouvelle est cependant lourde de conséquences pour le Val-de-Travers : il ne reste à Groupe E plus que ses projets neuchâtelois, en particulier la Montagne de Buttes, pour concrétiser ses objectifs éoliens.

La décision de Groupe E montre que lorsque la population se manifeste, bénéficie d’appuis politiques et de médias soucieux d’alimenter le débat, les promoteurs jouent la carte de la prudence. C’est ce qui fait défaut à Neuchâtel depuis 10 ans : mal informée et délaissée par tous les partis cantonaux, la population considère l’éolien comme une fatalité. Les trois projets neuchâtelois de Groupe E sont ainsi les derniers que le promoteur porte encore en Suisse romande, et l’entreprise fribourgeoise a expressément souligné son intention de les poursuivre.
Pourtant, tous trois ont de gros défauts qui justifieraient leur abandon immédiat. C’est notamment le cas pour la Montagne de Buttes : En attente d’une décision du Tribunal fédéral, ce mégaprojet de 19 machines – le plus grand projet de Suisse ! – compromet le retour de l’aigle royal qui niche à quelques battements d’aile des éoliennes prévues. Il en va de même pour les autres projets de Groupe E qui mettent en péril le classement UNESCO de La Chaux-de-Fonds et le Parc naturel Chasseral.
Ces points n’étaient pas connus de la population du Val-de-Travers lorsqu’elle a accepté en 2014 la planification éolienne cantonale. Sept ans après, le résultat de la votation est clairement caduc et les autorités cantonales seraient bien inspirées d’en prendre acte.
Le Canton de Neuchâtel ne doit pas devenir la bouée de sauvetage éolienne de Groupe E. Les Travers du Vent demandent ainsi aux Autorités un moratoire immédiat de dix ans sur tous les projets éoliens du Canton, afin de :
• développer un programme photovoltaïque cantonal digne de ce nom, qui permettrait de produire deux fois plus de courant que les projets éoliens ;
• développer en parallèle un grand programme d’économies d’énergie (bâtiments, transport, etc.) qui créera des emplois dans les entreprises régionales, ce qui n’est pas le cas des éoliennes, qui sont achetées à l’étranger et dont la maintenance est elle aussi assurée depuis l’étranger.
L’éolien n’est pas une fatalité, comme le prouve la décision de Groupe E. Il existe des alternatives compatibles avec la protection de notre patrimoine et la sécurité de l’approvisionnement électrique.