Le public était nombreux à assister à la conférence-image d’Alain Prêtre, à l’invitation de l’Association Les Travers du Vent. Emmenées par ce photographe animalier hors-pair, environ 80 personnes se sont virtuellement baladées dans nos paysages jurassiens à la découverte d’une biodiversité exceptionnelle, mais menacée.
Si l’hiver jurassien est un véritable enchantement pour nos pupilles, il constitue aussi un défi de taille pour les animaux, qu’ils soient à poils ou à plumes. Réunies dans un récent ouvrage intitulé « Jura, les dompteurs du froid », les photographies d’Alain Prêtre nous font plongent dans cet univers d’une beauté unique, où se côtoient chamois, lynx, hermines, chevêchettes, cassenoix, hiboux, et tant d’autres. Tout ce monde évolue dans notre région, et le Val-de-Travers constitue, avec ses étendues naturelles relativement préservées, un écrin d’une biodiversité unique.
Aux rigueurs de l’hiver s’ajoute toujours plus l’action de l’homme. Parmi les menaces, Alain Prêtre n’a pas manqué de souligner les conséquences dévastatrices des nombreux projets éoliens prévus là où, précisément, la biodiversité trouve ses refuges. La récente mort d’un aigle royal, percuté par une pale d’éolienne au Mont Crosin, doit nous alerter sur cette menace évidente pour la faune ailée. Les qualités naturelles de notre région ne font pas bon ménage avec l’industrialisation éolienne.
Photographe de renom et de talent, Alain Prêtre est aussi un homme engagé. Gamin déjà, il se battait pour défendre la nature sauvage de la vallée du Dessoubre dans le Doubs, sa région natale. La photographie est pour lui une des facettes du combat permanent pour protéger notre patrimoine naturel, protéger la vie en d’autres termes.
Dans l’hystérie éolienne qui agite notre canton, des voix réfléchies et courageuses comme celles d’Alain Prêtre ou du cinéaste Laurent Geslin, que nous avions reçu en novembre, sont trop rares. « Et pourtant, elle tourne », disait Galilée, qui ne parlait pas d’une éolienne. Il n’est pas trop tard pour ouvrir les yeux devant cette tragédie environnementale que l’on veut nous imposer sous couvert d’écologie.