François Turrian fait salle comble

Plus de 100 personnes sont venues écouter François Turrian le 23 mars à la grande salle Fleurisia. L’association Les Travers du Vent a invité le directeur romand de BirdLife pour une conférence-images sur le « silence des oiseaux ». Le thème de la faune ailée a constitué le cadre idéal pour aborder de nombreuses autres questions d’actualité, notamment les très récentes décisions du Conseil national qui constituent une véritable attaque contre plusieurs pans de la politique en matière de biodiversité.

(c) Birdlife
(c) Birdlife

Biologiste au solide bagage scientifique, François Turrian est aussi un orateur hors-pair, qui parvient à vulgariser les problèmes actuels liés à la situation environnementale dans le monde en général, et en Suisse en particulier. Dans notre pays, où la biodiversité est mise en péril bien plus qu’ailleurs, celui qui est aussi chroniqueur à la RTS a montré que les oiseaux sont non seulement de véritables baromètres de l’environnement, mais aussi une source d’émerveillement pour qui prend le temps de les observer et de les écouter.

La menace est grande en Suisse : 40 % des espèces nicheuses sont sur la liste rouge, dont certaines qui étaient récemment encore très courantes, comme les hirondelles. Une agriculture trop intensive, l’urbanisation, les changements climatiques et les dérangements humains participent à la mise sous pression des oiseaux et à leur rapide déclin.

Parmi les nouvelles menaces figurent évidemment les éoliennes, qui constituent une grande menace pour la biodiversité du Val-de-Travers, sans parler du paysage. François Turrian a précisé la position de BirdLife, qui n’est pas opposée par principe à l’éolien, mais qui demande une mise en œuvre soigneuse et modérée, loin des ambitions démesurées de certains acteurs de l’énergie. Il déplore notamment l’absence de coordination dans la planification éolienne à l’échelle suisse, où chaque canton a défini ses projets sans vision d’ensemble. Le Val-de-Travers en sait quelque chose, lui qui sera la région la plus impactée de tout le pays avec quelque 80 turbines sur ses hauteurs.

Un échange animé avec le public, parfois désarmé devant le poids des intérêts économiques, a montré toute la complexité de notre monde, une situation qui demande, selon François Turrian un engagement de tous. « S’engager, c’est nécessaire, on n’a pas le choix ». Une conclusion signe d’espoir en ces jours de printemps, où les oiseaux ne sont pas encore réduits au silence.