Histoire

C’est dans la deuxième moitié des années 1990 que les projets éoliens arrivent dans le canton de Neuchâtel, notamment les projets sur la Montagne de Buttes. A cette époque, et suite aux implantations dans certains pays européens, des développeurs sillonnent systématiquement toutes les contrées possibles en Europe pour y implanter des centrales éoliennes.

En novembre 1997, une étude préliminaire pour l’implantation d’éoliennes dans le Canton de Neuchâtel identifie 13 sites. La Montagne de Buttes fait alors partie des 5 sites jugés prioritaires. Le bureau Planair, qui héberge le siège romand du lobby éolien Suisse Eole, approfondit l’analyse et publie son rapport final en 1998, qui servira de base à l’élaboration de la planification directrice du Canton. A la suite des conclusions de cette étude, le Canton et l’OFEN poursuivent la démarche et lancent des mandats pour étudier en détail les sites éoliens retenus. En novembre 2000 paraît une étude de faisabilité de l’entreprise britannique RES qui prévoit la construction d’un parc éolien de 7 éoliennes à la Montagne de Buttes.

A ce moment, les bureaux en charge de l’étude sont largement déconnectés des réalités environnementales du Val-de-Travers. Ils estiment que « les impacts directs des éoliennes sur la flore, la faune et les milieux naturels peuvent être considérés dans leur ensemble comme faibles ou même souvent insignifiants » (rapport final 2000). On sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas et que les effets sur la biodiversité sont sérieux, voire graves, et menacent directement des espèces comme l’aigle royal. Il faut dire qu’à l’époque, les projets prévoyaient de très petites éoliennes d’environ 90 mètres en bout de pale. Rien à comparer aux machines de 180 mètres retenues aujourd’hui.

C’est dans ce contexte que l’Association pour la sauvegarde des sites de la Montagne de Buttes (Assim), qui deviendra peu après Les Travers du Vent, est créée par Béatrice Bagaïni le 14 avril 2000. Le projet éolien n’est pas poussé par son promoteur, et finit par être mis en stand-by quelques années après pour des raisons financières. L’association ne se dissout pas pour autant, bien au contraire, et reste vigilante.

En 2008, le système de financement des nouvelles énergies renouvelables (la fameuse Rétribution à prix coûtant RPC) est mis en place au niveau fédéral et les promoteurs peuvent déjà déposer leur dossier de demande cette année-là. Avec la RPC, tout l’Arc jurassien devient un véritable Far West : les promoteurs s’y précipitent pour s’approprier les sites potentiels et réserver « leur » subvention auprès de la Confédération. Le système repose sur la logique du « premier arrivé, premier servi » et les projets qui ne décrochent pas la précieuse subvention tout de suite entrent sur une liste d’attente.

L’argent étant désormais là, le projet de la Montagne de Buttes renaît alors de ses cendres en début 2009 avec un promoteur du nom d’Alpine Wind – le même qui sévissait à Crêt-Meuron – qui va s’employer en tout premier lieu et bien avant d’avoir une quelconque feu vert du canton à faire signer aux agriculteurs des contrats de réservation des terrains en vue de l’implantation d’éoliennes. Promesse est faite à chaque agriculteur de pouvoir conserver la somme de CHF 5’000.- par machine, versée immédiatement, si le projet n’est pas sur les rails au bout de 3 ans à compter de la signature. Appâtés par le gain, les agriculteurs signent. Devant cette nouvelle menace concrète, l’Assim se réorganise et, le 21 décembre 2009, prend le nom d’Association Les Travers du Vent. Fabienne Chapuis en prend la présidence.

Dans une véritable « guéguerre de pognon », dictée par le caractère juteux des subventions promises par la RPC, les éoliennes de la Montagne de Buttes sont alors convoitées par deux électriciens : le Fribourgeois Greenwatt (Groupe E) et les Services industriels de Genève (SIG), que les autorités forceront à faire collaborer. Le promoteur Alpine Wind s’empresse de revendre les contrats signés par les agriculteurs au consortium Groupe E et SIG regroupés dans la société Verrivent SA, qui est créée le 26 mars 2010, et qui établit son siège à l’Administration communale des Verrières, preuve, s’il en fallait une, que les communes et les promoteurs éoliens ne font qu’un. Le projet de la Montagne de Buttes est sur les rails, Groupe E et SIG font les mesures de vent et autres études nécessaires.

Avec la votation de la planification éolienne par la population neuchâteloise le 18 mai 2014, la messe politique est dite : les centrales éoliennes du Val-de-Travers sont fixées dans le marbre et il ne reste plus que la voie juridique pour faire valoir les droits des riverains, de la nature et du paysage. C’est sur cette voie que se lance l’association avec l’opposition au projet de la Montagne de Buttes, qui récolte plus de 1300 oppositions en juin 2016.

Le 22 février 2017, Thierry Ray prend la présidence de l’association.